Après un concert, quand l'adrénaline redescend et que les lumières se sont éteintes, la question revient souvent : comment aider vraiment un groupe qu'on a aimé, si on n'a pas envie ou ne peut pas lui filer de l'argent tout de suite ? J'ai posé la question des dizaines de fois, que ce soit aux artistes que j'interviewe ou aux copains de scène, et j'ai accumulé une petite boîte à outils d'actions concrètes, simples et souvent très utiles pour un groupe indépendant. Voici ce que je fais — et que vous pouvez faire aussi — pour soutenir un groupe sans dépenser un centime.

Suis-les et active les notifications

Cela peut sembler évident, mais le geste le plus utile et immédiat, c'est de suivre le groupe sur les plateformes où il est : Instagram, Facebook, Bandcamp, SoundCloud, Spotify, YouTube. Mieux : activez les notifications pour être prévenu·e des sorties, des mises en ligne de live, ou des annonces de concerts. Pour un groupe émergent, chaque follower compte et signaler à l'algorithme qu'il y a de l'engagement peut significativement augmenter la visibilité.

Écoute de manière stratégique

Écouter la musique sur des plateformes payantes ou dédiées peut rapporter plus à l'artiste, mais il existe des façons d'écouter qui maximisent l'impact sans dépenser d'argent :

  • Sur Spotify, crée une playlist publique et ajoute leurs morceaux — mieux si vous partagez la playlist en story.
  • Regardez les clips ou lives sur YouTube en laissant un commentaire pertinent : l'algorithme valorise le temps de visionnage et les interactions.
  • Sur Bandcamp, écoutez les titres et sauvegardez les pages des groupes dans vos favoris (c'est silencieux mais ça compte pour la visibilité).
  • Sur SoundCloud, ajoutez les morceaux à vos playlists et commentez directement sur les timestamps pertinents.

Partagez, taggez, recommandez

Le bouche-à-oreille digital, c'est de l'or pour les groupes. Après un concert, j'envoie souvent des posts ou des stories pour dire « allez écouter ce groupe » et je mets leur handle. Quelques idées à réutiliser :

  • Postez une vidéo courte du morceau qui vous a retourné la poitrine et mentionnez le nom du groupe et la salle.
  • Taggez des amis qui aiment le même style : « @toto, t'aurais kiffé ça ». Un tag personnel vaut souvent mieux qu'un partage anonyme.
  • Recommandez-les à des pages ou comptes curateurs (blogs, playlists, radios locales) qui relaient des découvertes.

Postez des photos et vidéos (avec autorisation)

Les images valent mille mots — et mille euros, parfois. Si vous capturez une belle photo ou une courte vidéo, demandez la permission au groupe ou vérifiez leur politique, puis partagez-la en créditant correctement. Les contenus live authentiques renforcent leur présence en ligne et sont souvent récupérés par les labels ou promoteurs pour juger d'une énergie scénique.

Laissez une critique ou un avis

Un bon mot publié sur des plates-formes publiques fait la différence. Rédigez une chronique courte sur votre blog, un avis sur Facebook ou une note sur les pages d'artistes. Pour les groupes émergents, ces retours servent de preuve sociale — utiles pour convaincre des salles de les programmer ou pour postuler à des festivals.

Ajoutez-les à vos playlists et partagez-les

Je suis convaincue qu'un morceau entre dans la vie d'une personne par une playlist. Ajoutez leurs titres dans vos playlists publiques sur Spotify ou Apple Music et partagez ces playlists. Les plateformes tiennent compte du nombre d'ajouts et de lectures pour recommander aux autres auditeurs.

Suggérez-les à des programmateurs, radios et journalistes

Si vous connaissez un·e programmateur·rice de salle, une personne qui tient une soirée, une radio locale ou un·e journaliste, proposez-leur le groupe. Parfois, un simple mail « tiens, j'ai vu ces gens au [lieu] et ils sont top » suffit à déclencher une date ou une chronique. Je le fais souvent après un concert et plusieurs artistes que j'aime ont décroché des résidences grâce à des recommandations informelles.

Offrez vos compétences

Vous avez un talent utile ? Photographe, graphiste, technicien son, vidéaste, traducteur·trice, community manager ou développeur·euse web ? Proposez un échange de services. J'ai vu des groupes qui ont transformé une bonne photo de concert gratuite en pack promo professionnel — et ça leur a ouvert des portes. Le troc de compétences est parfois plus précieux que de l'argent liquide.

Invitez-les ou organisez une écoute / une soirée

Si vous avez un espace (chez vous, un café, une librairie), proposez une écoute collective ou une mini-session live. Les formats intimes permettent souvent d'élargir l'audience locale et de créer des liens durables entre artistes et public. Ou, tout simplement, invitez des ami·e·s à la prochaine date — remplir une salle, c'est souvent le meilleur soutien.

Créez du contenu : playlists, articles, podcasts

Si vous tenez un blog, un podcast ou une chaîne, pensez à intégrer l'artiste dans vos contenus : interview, session live, chronique. Un bon épisode de podcast dédié à une sortie ou une thématique peut propulser un groupe. Pour ma part, j'ai vu des groupes gagner en visibilité après être passés dans des playlists thématiques ou des dossiers de blog.

Soutenez leur communauté

Rejoignez et alimentez les groupes de fans, commentez sur les posts, participez aux discussions. Une communauté active attire l'attention des médias et des programmateurs. En étant un·e ambassadeur·rice actif·ve, vous contribuez à construire une base solide autour du groupe.

Signalez les droits et usages inappropriés

Si vous voyez du contenu volé, des morceaux piratés, ou quelqu'un qui utilise le travail du groupe sans crédit, signalez-le. Protéger l'intégrité artistique est aussi une forme de soutien. Les artistes indépendants n'ont pas toujours les ressources pour traquer ces usages — un signalement de fan peut faire la différence.

Je pourrais écrire encore des pages d'exemples concrets (et j'en ai des cartons), mais l'idée est simple : l'argent n'est pas la seule forme d'aide. Votre temps, votre réseau, vos compétences et votre voix peuvent propulser un groupe vers d'autres oreilles. Après un concert, choisissez une ou deux de ces actions — vous créerez une chaîne de solidarité qui, souvent, rapporte plus qu'un billet glissé dans la caisse.